Au fil de la Veyle
Samedi 19 Septembre 2020
Tout est prêt pour la balade commentée « Au fil de la
Veyle », organisée dans le cadre des journées Patrimoine. Chaque
membre de l'Association a sa place d'attitrée, les textes ont été
préparés minutieusement en amont. Malheureusement la pandémie de covid
19 qui sévit oblige le port d'un masque, une distanciation et un nombre
limité de randonneurs. Le départ se faisant à la gare, un fléchage et un
beau P blanc sur fond bleu peint par Maurice indique le parking.
Les deux Annie ont couvert les panneaux d'exposition de
photos agrandies déroulant l'histoire de la voie ferrée d'hier jusqu'à
aujourd'hui à partir de documents prêtés par Jean- Noël et Annie M.
Trois hôtesses d'accueil-secouristes-serveuses souriantes, Annie D,
Josette et Isabelle vont accueillir les randonneurs.
Ils seront une trentaine , curieux de découvrir cette nouvelle promenade
de 4 kms le long de la rivière, dégagée de ses ronces agressives, de ses
troncs obstruant le passage et aménagée de petits ponts, tout cela ayant
été effectué avec enthousiasme par les pêcheurs. Deux groupes sont
formés:l'un conduit par Monique, la Présidente de Polliat Paysages
Patrimoine, l'autre par Martine, la secrétaire.
Après les recommandations d'usage de la Présidente,
et une présentation de l'intérêt de la Veyle et de ses affluents se la
coulant douce dans leur zone humide, la balade commentée peut commencer.
Annie nous replonge dans l'histoire de la voie
ferrée, mise en service en 1857 et dans ses trains à vapeur,
dans ses rapports avec la vie des habitants de Polliat pour le transport
important de marchandises ou comme voyageurs, dans ses anecdotes liées
aux garde-barrières et à ses 7 passages à niveau, ou à la création de
l'avenue de la gare ou du chemin des pêcheurs. Certains apprennent qu'a
existé la vogue de la gare.
Un premier groupe démarre en traversant la voie puis
le petit bois parallèle. Il est attendu de pied ferme à la station
d'épuration par Bernard qui explique, en s'appuyant sur des plans ou des photos, la
transformation des eaux usées en eau épurée qui peut être rejetée à la
rivière, d'abord en faisant déposer les graisses et les boues
réutilisables en engrais ce qui permettra à la Veyle de réapparaître
transparente pour poursuivre son voyage comme si elle était passée chez
la coiffeuse.
Les pêcheurs placés près de la frayère sont
impatients de prendre le relais , pendant que le deuxième groupe
entoure Bernard qui va reprendre ses explications.
Les pêcheurs ont distribué aux participants un document qui va les
ouvrir à la vie des poissons de la Veyle. Et c'est par la frayère qu'ils
commencent, lieu offert aux brochets pour naître et grandir
grâce à l'eau des inondations formant une sorte d'étang qu'il est
possible de dompter par un système de vannes.
Le premier groupe reprend son chemin,suivi du second,
tous parcourant ainsi le patrimoine naturel et historique de
Polliat. Martine parle de la Veyle qui se jette dans la Saône, fait
trouver les villages qui portent son nom, détaille ses affluents
qui traversent la commune avec leurs différences : l'Irance,
l'Iragnon que l'on suivra un peu plus loin, l'Etre dont l'eau provient
des nappes phréatiques des cailloutis de la Dombes. Tout en marchant,
elle montre quelques arbres typiques tels que l'aulne ou le
frêne,quelques plantes caractéristiques comme le roseau ou le houblon
sauvage.
Dans le passage boisé suivant, avec la rivière
entrevue dans les branches, c'est le moment poétique. Maggy lit un
poème d'André Pomathios, hommage à la Veyle et à ses berges.
On retrouve Bernard, cette fois en géologue qui
plonge les promeneurs des millions d'années en arrière qui font que
Polliat possède de l'eau filtrée par des cailloutis en souterrain,
permettant le captage dans le marais de Vial ; à Polliat nous ne
manquerons pas d'eau si nous savons préserver l'environnement de nos
rivières.
Traversée de la route pour nous retrouver une nouvelle fois dans les
bois entre des arbres,des plantes diverses, des herbes folles ou sèches.
Il faut lever les pieds même si le chemin s'allonge, la rivière coule
sur notre droite, tranquille. Le temps devient plus incertain, la météo
nous avait prévenus.
Et Annie nous attend avec l'histoire de Jaquema,
veuve de Polaizé en 1510, traitée de sorcière par la rumeur et des
habitants mal intentionnés et bornés qui l'accusèrent de faire mourir
même des enfants. Sauf que le contexte de pandémie ayant incité à faire
des recherches de ce côté, on a découvert qu'une épidémie de fièvre
catharrale avait sévi cette même année ce qui laisse perplexe !
Le groupe repart méditatif et débouche sur la vision
du moulin
de Cure de l'autre côté du pont.Là Jean attend et
parle des moulins, de celui-ci, d'autres, de leur fonctionnement, des
meules, de la mouture, des meuniers. Et la Veyle l'accompagne de son
léger murmure et se glisse subrepticement sous le bâtiment de bois et de
terre qui nous replace à l'époque où l'on venait chercher ses sacs de
farine au moulin.
Le temps s'écoule, le ciel devient gris,nous laissons
la Veyle et reprenons la traversée d'un chemin boisé et herbeux avec
l'Iragnon sur notre droite.
Et soudain Maurice apparaît au pont de Chamborde où l'on peut voir, dans un site
romantique, un système de vannage ancien et un pont de pierre blanche,
usé, souvenir du passé. Il nous fait comprendre l'importance de ces
systèmes pratiques d'autrefois qui permettaient l'irrigation ou
l'asséchement de terrains agricoles. Et on se prend à imaginer Thomas
Riboud, scientifique et homme célèbre de Bourg qui possédait des
terrains à Vial, arpenter l'endroit pour en améliorer la culture .
C'est le retour vers le village avant la pluie. Plus
d'arrêts. 2h1/2 se sont écoulées. Les jambes ont un peu souffert des
arrêts répétés mais assis devant la gare, un verre et un bout de tarte
au sucre à la main, tous les randonneurs expriment le plaisir et
l'intérêt qu'ils ont ressentis « au fil de la Veyle ». PPP est
heureuse aussi du bon déroulé de sa première balade commentée et se
promet de recommencer cette expérience concluante.